La problématique du Typha en Mauritanie
En Mauritanie, le Typha, plante invasive des rivières et zones humides, envahit depuis des années le fleuve Sénégal, bouleversant à la fois l’écosystème mais également l’activité économique de la région de Rosso. Depuis 2015, la pelle amphibie Big Float est à l’œuvre pour dégager les voies navigables et collecter cette plante aujourd’hui valorisée et transformée en bio-charbon à l’usage des ménages.
Situé à 27 km de l’embouchure du fleuve Sénégal, au sud de la Mauritanie, le barrage anti-sel de Diama permet la constitution d’un lac de retenue utilisable pour l’irrigation en double culture et l’alimentation du lac de Guiers. En contrepartie, empêchant l’eau saumâtre de se déverser dans le fleuve, il crée un terrain propice à la prolifération du Typha, plante invasive se développant en eau douce. En 30 ans, le Typha a envahit la région sur près de 30 000 hectares.
La surabondance du Typha engendre des conséquences sur l’écosystème et l’activité économique : en absorbant l’oxygène nécessaire à la faune et à la flore et en envahissant les zones piscicoles et agricoles, le Typha prive les populations locales de leurs sources de revenus et des couloirs de navigation. De plus, la stagnation de l’eau et donc la prolifération des moustiques et parasites entraînent le développement de potentielles maladies.
La pelle amphibie Remu collecte le typha afin qu’il devienne ressource
Début 2010, un ingénieur chercheur à l’Institut supérieur d’Enseignement Technologique de Rosso (Iset Rosso) après 10 années de recherches sur la biomasse énergie, à réussi à entrevoir la lumière derrière les roseaux. L’idée de l’ingénieur mauritanien Babana Ould Mohamed Lemine* : valoriser la ressource en la transformant en bio-charbon. Sous l’impulsion de l’ONG française Le Gret, l’idée a germé.
Le procédé consiste à récolter et sécher le Typha, à le carboniser pour qu’il devienne de la poussière de charbon qui sera mélangée avec de l’argile puis pressée et agglomérée sous forme de briquettes de combustible domestique. En Mauritanie, 90% des ménages utilisent encore le charbon pour faire la cuisine. Alternative au charbon de bois principalement importé, la solution permet de lutter contre la déforestation. De plus, contrairement au charbon de bois classique qui émet du gaz non réassimilé, le CO2 émis par ce charbon de typha est recapté dans l’eau par la plante, qui va donc repousser et être de nouveau coupée puis transformée en charbon… principe du cercle vertueux.
Avec la mise en service de sa pelle amphibie E22 utilisée pour dégager les voies navigables et collecter le Typha, RDS International encourage et accompagne le développement de ce procédé qui permet de créer de l’emploi et d’utiliser la biomasse pour changer le quotidien.
La valorisation du Typha en charbon en Mauritanie a été distinguée en 2015 par le Prix Convergences International à Paris.
* Enseignant chercheur en Génie Mécanique et Responsable technique du projet TYPHA, Babana Ould Mohamed Lemine a remporté le prix de l’innovation pour un développement durable en Afrique dans le cadre du Forum organisé en amont du sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique par le Ministère français.
La presse en parle : Construction Cayola ; Mauriweb
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